Traiter la maladie ou soigner le malade?

Visant la restauration de la santé,
Dont l’atteinte rappelle l’inéluctable fin
Qui réduit l’homme à son statut humain,
La médecine, à la fois science et art,
Objet de préoccupations et d’égards,
Et parfois de culte mimant l’idolâtrie,
Fut longtemps la fille de la magie,
Et sa pratique dictée des divinités.

 

De sa redoutable éventuelle issue,
Résulte la hantise de la maladie,
Dont on se protège par la prévention,
Grâce à Hygie et aux vaccinations,
Et dont on vient à bout par la thérapie,
Ces deux moyens hissant de l’art le contenu.

 

La connaissance par l’anatomie des organes,
De leur fonction par la physiologie,
De leur dysfonctionnement par l’autopsie,
Plus tard corroborée par les imageries,
Livra de l’homme sacré l’aspect profane,
Servit de socle à l’abord par appareil,
Auréolé par l’étendue de son règne.

 

Les acquis scientifiques qu’elle fit siens,
Aux antipodes du fatalisme ancien,
Élargirent le pouvoir de la médecine,
En décryptant des maladies l’origine,
En la dotant d’une essence rationnelle,
En affinant ses outils diagnostiques,
En renforçant ses moyens thérapeutiques,
Tout en restreignant le champ du surnaturel.

 

De l’approche par appareil du corps humain,
Qui constamment exhibe le mystère divin,
Et des importants progrès scientifiques,
Pères de la technique puis du numérique,
Naquirent et prospérèrent des spécialités,
Objet au fil du temps de scissiparité.

 

Les maladies, décrites avec minutie,
Sont en outre soumises à des protocoles,
Qu’émet la faculté privée de monopole,
Standardisant aussi bien leur pronostic,
Que leur traitement et leur diagnostic,
Qu’influencent de la science les péripéties.

 

Cette triomphante rationalité,
Méprisant souvent l’individualité,
Embrassa de la maladie tous les contours,
Dont elle soumit la victime à un détour,
S’enorgueillissant de son exactitude,
Sur un être empreint d’inexactitude.

 

Le temps d’écoute est de ce fait abrégé,
Le tandem soignant-soigné désagrégé,
L’unicité au dernier plan reléguée,
Le recours aux organes de sens érodé,
Le blason de la sympathie à redorer,
Méconnue l’incontournable globalité,
La part trop belle faite à la technicité,
Car constamment haut perchée l’organicité.

 

L’apport du mariage du cœur au cerveau,
Aussi indestructible qu’indissoluble,
Aussi incontournable qu’indispensable,
De la fusion des gamètes au tombeau,
Est un rempart à la chosification,
Car accordant sa place à l’intuition,
Tout en préservant la quantification,
Pour être au service de l’humanité,
A travers une accrue socialité.

 

Ainsi pourrait-on favoriser le recul,
Du champ des illusions thérapeutiques,
De l’espace des remèdes chimériques,
Émanation d’autoproclamés experts,
Dans une société aux mouvants repères,
Soumise à la nécessité du cumul,
En quête d’un éclairage spirituel,
L’artificiel surplombant le naturel,
Et où tout concourt à éluder le mystère.

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