Le médicament
Liant la pharmacie à la médecine,
Indissociable de l’une et de l’autre,
Pour finir par incarner leur raison d’être,
Le médicament tire son origine,
Surtout des mondes animal et végétal,
Et accessoirement du monde minéral.
Sa sacralité traversa des millénaires,
Satellite de celle des deux professions,
Longtemps exercées par la même personne,
Objet de respect et de vénération,
Avant le détachement des apothicaires,
Que Galien eût établis sans vergogne.
De son rôle d’antidote de la maladie,
Qui, grave, fait redouter la finitude,
Résulte sa place de grande amplitude,
Connue de l’imaginaire et de la raison,
Rapportée dans le Corpus et dans le Canon,
Et consacrée par la science et la magie.
Participent tant à son efficacité,
Qu’à son inconfort et à ses autres effets,
L’ensemble définissant son utilité,
Son essence et l’immense halo l’entourant,
Tenant d’un distinguo subtil et déroutant,
Qui dépend d’un décryptage quasi-parfait.
De sa noble mission naissent des dérives,
Notamment de sa composante lucrative ;
De l’imaginaire y afférent des mirages,
Par un détournement résultant de virages ;
De véritables chimères sont légion,
Objet d’une singulière adhésion,
Tel les fortifiants et les vitamines,
Qui, par leur seule évocation, fascinent.
Plus nocive est la falsification,
Dont à ce jour est l’objet le médicament,
Que justifie sa mercantilisation,
Aux antipodes de son noble fondement,
Dans une société où l’argent est roi,
Et où le gain facile se fait sans foi ni loi.
Par le médicament est bâti un puzzle,
Fait du malade avec ses perceptions,
Son histoire et sa vision du monde ;
Du soignant avec son art, ses convictions,
Et son expérience espérée féconde ;
Enfin de la société avec ses écueils.
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