Hommage du Professeur Moustafa MIJIYAWA à l’Université de Lomé à l’occasion de son admission prochaine à la retraite
Monsieur le Président de l’Université de Lomé,
J’accuse réception de votre correspondance du 04 avril 2023 relative à mon admission prochaine à la retraite, fixée au 1ier janvier 2024, et vous en remercie sincèrement.
L’institution dont vous avez la charge, l’Université de Lomé, et le Centre hospitalo-universitaire Sylvanus Olympio, ont, pendant une trentaine d’années, servi de cadre à mes activités de médecin et d’enseignant-chercheur, symptomatiques de quatre des cinq étapes de ma vie professionnelle (faire, montrer comment faire, faire faire, et laisser faire). Ces étapes ont été précédées de la toute première, apprendre à faire, dont le cadre fut l’école de médecine (muée plus tard en faculté des sciences de la santé de l’Université de Lomé) puis l’Université René Descartes Paris V. Mon entrée à l’école de médecine est intervenue après ma formation aux cours primaire et secondaire dans la région des savanes. Les instituteurs d’alors, dont on ne peut que regretter la rareté aujourd’hui de l’engagement, ont, par leur dévouement et conformément à leur mission, assuré l’ancrage des fondamentaux et des humanités, colonne vertébrale et sève nourricière de la culture générale exigible d’un universitaire.
J’ai trouvé un plein épanouissement dans le déroulé de mon parcours, ayant eu la chance d’exercer avec passion le double métier de soignant et de formateur, alliant constamment sciences exactes et sciences humaines et faisant appel à l’arrimage du cerveau au cœur. L’enseignement s’est notamment soldé par la formation de cinq professeurs de rhumatologie et ma participation à huit jurys de concours d’agrégation du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES). La pratique de soins m’a amené à consulter en moyenne un millier de patients par an pendant un quart de siècle, avec une durée moyenne de 27 minutes par consultation. Cette pratique médicale au quotidien m’a permis d’affiner davantage mon métier à travers l’incessant décryptage de cet être merveilleux et complexe qu’est l’homme, inconstant, pluriel, ondoyant et divers. C’est aussi de la pratique médicale que j’ai tiré l’essentiel de mes travaux scientifiques qui ont contribué à la connaissance par la communauté scientifique internationale du profil des affections rhumatismales en Afrique sub-saharienne. Ce parcours qui s’est notamment soldé par deux décorations (Officier de l’Ordre des Palmes Académiques, Officier de l’Ordre du Mono) et ma participation à cinq reprises comme membre du collège des médecins chargé d’examiner les candidats à l’élection présidentielle, a précédé mon entrée au Gouvernement en juin 2015 au poste de ministre de la santé et de la protection sociale. Au rang des fabuleux atouts acquis comme membre du Gouvernement, figurent une meilleure connaissance de mon pays, une meilleure connaissance des hommes, la complexité inhérente à la gouvernance, et la prise de conscience de mon ignorance encyclopédique face à des problèmes a priori simples. Fort heureusement et contrairement à des préjugés, je me suis efforcé de rester moi-même, d’éviter la déconnexion souvent induite par l’exercice du pouvoir, de demeurer attaché à ma passion qu’est la quête constante du savoir à travers différentes sources, notamment la lecture, de partager mes réflexions par le biais de mon site mijiyawa.com et de mon compte Twitter @mijiyawa_m, avec toujours l’espoir de donner à notre noble institution plus que je n’ai reçu d’elle.
De ce qui précède se dégagent le bonheur et le plein accomplissement que j’ai eu à travailler à la faculté des sciences de la santé de l’Université de Lomé et au CHU-SO. Hommage est à rendre à tous ceux qui y ont contribué, notamment les malades et les apprenants, générateurs d’un constant perfectionnement du double et noble art consistant à enseigner et à soigner. C’est avec l’esprit, la conviction et la fierté du devoir accompli que je pars à la retraite, tout en exprimant ma profonde gratitude aux différents acteurs qui animent la vie de notre institution à laquelle je souhaite pleins succès.
Je vous prie d’agréer, monsieur le Président et cher collègue, l’expression de mes sentiments les plus cordiaux.
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