Origine et naissance de certains mots et expressions, en lien avec le domaine de la santé

Étroitement et constamment arrimée à la lutte contre la mort et la maladie, la médecine, dans son quadruple volet préventif, clinique, pronostique et thérapeutique, a généré des expressions dont l’ancrage dans le langage courant en fait souvent oublier l’origine. Revisiter les conditions et l’acte de naissance de ces expressions revêt un grand intérêt épistémologique. Cette démarche donne un éclairage en remettant les mots et les expressions dans leur contexte et en en permettant la fluide compréhension, en lieu et place d’une brute mémorisation. Il s’agit d’une démarche permettant de se plonger dans le passé pour mieux comprendre le présent.

« A vos souhaits » : L’expression « à vos souhaits » remonte au Moyen-Âge, avec les épidémies de la peste subies par l’Europe. L’éternuement en était l’un des premiers symptômes, et faisait redouter cette maladie, responsable d’une forte mortalité (30 à 50% de la population). Dire «À vos souhaits» au potentiel malade était une manière de lui souhaiter la santé, de conjurer un destin funeste, et de lui souhaiter par avance le salut éternel.

« Rhumatisme » : Le terme rhumatisme vient du latin rheuma ou « ce qui s’écoule », en français, avec notamment cette racine rh qui vient du grec rhein, pour couler. La théorie des humeurs a longtemps dominé la pensée médicale, presque sur tous les continents. Elle rattachait les maladies, notamment celles rhumatismales, à un déséquilibre entre les humeurs (sang, phlegme, bile jaune, bile noire) et les qualités physiques (chaud, froid, sec, humide) qui les accompagnent. La crise de goutte est ainsi due à l’excès d’une des humeurs qui tombe « en goutte » sur les articulations. De cette théorie des humeurs découlent les traitements visant à débarrasser le corps des secrétions anormales, faits de la saignée et de l’administration de vomitifs et de purgatifs. Du même radical rh sont issus les mots diarrhée, rhume, rhinorrhée, leucorrhée, Rhin, Rhône, etc.

« Hygiène » : Hygiène vient de Hygie, fille d’Asclépios (Esculape chez les Romains, dieu de la médecine), et d’Épione (déesse de la santé), et petite fille d’Appolon (dieu du soleil, des arts et de la médecine) et de la mortelle Coronis,  dans la mythologie grecque. Hygie est la déesse de la santé, de la propreté et de la salubrité, et incarne la santé préservée et la médecine préventive. Les descendants d’Asclépios, dont fait partie Hippocrate, furent appelés les Asclépiades.

 « La panacée » : Panacée, sœur de Hygie, s’occupait de la médecine curative. Son nom vient de deux racines : pan (signifiant tout) et akos (signifiant remède). Les activités des deux sœurs étaient complémentaires, dans la mesure où elles représentaient les deux versants, curatif et préventif de la médecine. Dans la mythologie grecque, elle est une déesse qui prodigue aux hommes des remèdes par les plantes. Au sens figuré, la panacée représente la solution ou le remède à toute chose, d’où l’expression « Ce n’est pas la panacée ».

« Poubelle » : Pour venir à bout de l’insalubrité liée aux ordures jetées par la fenêtre par les Parisiens et jonchant les rues, Eugène Poubelle, administrateur nommé préfet de la Seine en 1883, signe un arrêté obligeant les propriétaires à acheter des bacs en bois cerclés de métal et munis d’un couvercle afin d’y déposer les ordures ménagères, lesquels seront placés devant leur domicile pour le service de ramassage quotidien. Le préfet Eugène Poubelle entra ainsi sans l’histoire, son nom donnant le nom commun de poubelle, fit son apparition dans le Grand Dictionnaire Universel dès 1890.

« Choisir entre la peste et le choléra » : Il s’agit d’un choix difficile voire impossible, entre deux alternatives opposées qui présentent toutes des avantages mais surtout d’importants inconvénients. La peste a été responsable d’une très forte mortalité en Europe à la Renaissance, de même que le choléra au XIXème siècle. Ce choix difficile est souvent rapproché de celui cornélien qui tire son nom de Pierre Corneille dont les personnages étaient placés face à des dilemmes complexes, opposant généralement la raison au sentiment.

« Cancer »  : Le mot cancer tire son origine du mot latin homonyme qui signifie crabe. C’est Hippocrate (460-377 avant J-C) qui, le premier, compare le cancer à un crabe par analogie à l’aspect des tumeurs du sein avec cet animal lorsqu’elles s’étendent à la peau. La tumeur est en effet centrée par une formation arrondie entourée de prolongements en rayons semblables aux pattes d’un crabe. Cette comparaison est reprise ultérieurement par Galien (131-201 après J-C) qui décrit avec beaucoup de précision le cancer du sein : »Maintes fois, nous avons vu aux mamelles une tumeur exactement semblable à un crabe. En effet, de même que chez cet animal il existe des pattes des deux côtés du corps, de même, dans cette affection, les veines étendues sur cette tumeur contre nature présentent une forme semblable à celle d’un crabe. Nous avons guéri souvent cette affection à son début. Quand elle a pris une étendue considérable, personne ne l’a guérie sans opération. »

« Paludisme »  : Paludisme vient du vieux français palud, lui-même dérivé du latin palus et signifiant marécage ; malaria, la dénomination italienne adoptée aussi par les Anglo-Saxons, fait référence aux miasmes (mauvais air, air vicié, odeur nauséabonde) dont on pensait qu’ils occasionnent les fièvres. Le paludisme est probablement l’une des plus vieilles maladies de l’humanité. Alexandre le Grand en mourut à 33 ans d’une forme sévère. Richelieu en fut atteint au siège de la Rochelle. Le paludisme détient le record de la plus forte léthalité à l’échelle mondiale depuis la Préhistoire. Il a impacté les guerres et les colonisations, et protégé, d’une certaine façon, l’Afrique subsaharienne des invasions coloniales jusqu’au XIXe siècle, alors que la colonisation de l’Amérique latine par l’Europe a eu lieu, dès le XVIe siècle. Ce sont d’ailleurs très probablement les Européens qui ont apporté le paludisme en Amérique latine, auparavant vierge de ces fièvres. Christophe Colomb notamment était atteint du paludisme avant d’y accoster. Dès que les colons s’avancent au-delà du Maghreb, ils font face à une importante mortalité des cavaleries, des soldats, des généraux. C’est d’ailleurs à partir du moment où la quinine est maîtrisée comme médicament contre les fièvres que la colonisation de l’Afrique commence. De même, le paludisme joua un rôle fondamental dans l’issue de la guerre que livrèrent les rebelles haïtiens contre les 23.000 soldats envoyés en 1802 sur leur terre par Napoléon Bonaparte pour « mettre de l’ordre » dans cette colonie. Ces soldats ont été en partie décimés par le paludisme dont l’effet collatéral fut d’aider les rebelles haïtiens à reprendre le contrôle de leur territoire.

« Avoir une mémoire d’éléphant » : Avoir une mémoire d’éléphant s’adresse à une personne dotée d’une capacité à retenir une grande quantité d’informations et à retrouver de très anciens souvenirs. Cette expression populaire est bien fondée, tirant son assise de solides données scientifiques et observationnelles. Le cerveau de l’éléphant pèse en moyenne 4,5 kg, et le mammifère présente le plus important volume de cortex cérébral de toutes les espèces terrestres, dépassant celui des primates. Le pachyderme est au même niveau que le chimpanzé en termes de capacités cognitives pour la fabrication et l’utilisation d’outils. La taille de son cerveau lui offre également plus de flexibilité comportementale, une adaptation qui a encouragé l’animal à explorer davantage, à migrer pour chercher de la nourriture ou encore, à se rappeler l’emplacement des points d’eau en période de sécheresse. Il mémorise ainsi les lieux, les trajets pour y accéder, les périodes de maturation des fruits et de végétaux, les chemins utilisés les années précédentes pour atteindre les points d’eau, la reconnaissance des gens qu’il a précédemment côtoyées à travers leur visage, leur vêtement, leur odeur, et leur voix, le tout concourant à assurer sa survie et celle de sa progéniture.

« Apprendre par cœur »  : La logique voudrait qu’on apprenne par le cerveau, le gardien et le site de la mémoire et de l’intelligence. Mais, l’expression « apprendre par cœur », apparue dans le courant du XVIe siècle, tire son origine d’une croyance de la Grèce antique, de la théorie cardio-centriste, défendue notamment par Aristote. Les séquelles de cette théorie se retrouvent dans d’autres expressions : « donner de bon cœur », « parler à cœur ouvert », « le cœur de la ville », « connaître quelqu’un par cœur », « avoir du cœur au ventre ». A l’époque, les médecins considéraient en effet le cœur comme étant le centre de la conscience humaine, des émotions, des passions, et de la volonté. C’était donc lui qui renfermait le courage (les deux mots ont d’ailleurs la même racine), mais aussi l’intelligence et la mémoire. Au fil du temps, malgré les progrès de la médecine, l’organe est longtemps resté associé à l’esprit. Si bien qu’au Moyen-Age, faire quelque chose «par cœur» signifiait le réaliser par la pensée. Par exemple, «dîner par cœur» signifiait sauter un repas.La théorie cardio-centriste fit ensuite place à celle cérébro-centriste, bien exposée par Hippocrate : « Non seulement nos plaisirs, nos joies et nos rires mais également nos tristesses, nos peines et nos chagrins proviennent du cerveau, et du cerveau uniquement. Grâce à lui nous pensons et comprenons, pouvons voir et entendre ; il nous permet de distinguer le laid du beau, ce qui est agréable de ce qui ne l’est pas, ce qui est bon de ce qui est mauvais ». C’est finalement Rabelais (1494-1553) qui a popularisé la formule «savoir par cœur».

A ces données anatomiques et physiologiques qui atténuent son socle rationnel, l’expression « apprendre par cœur » peut tirer parti du fait que rien de grand ne se fait sans passion. L’attachement que l’on a pour le contenu d’un texte et l’affect y afférent, d’essence cardiaque, en stimule la rétention par le cerveau. L’élaboration, la mise en œuvre et la réussite d’un projet, bien que relevant d’activités cérébrales, ne peuvent se faire sans la passion induite par le cœur.  C’est certainement le fondement de la présence du mot « cœur » dans beaucoup d’expressions de langues africaines. il paraît ainsi logique de faire du cardio-centrisme et du cérébro-centrisme non pas un duel mais plutôt un duo !

« Le sang » : Le sang a souvent été un sujet de passion, d’interprétation et de croyances arrimées à de considérations métaphysiques, à travers l’histoire et la géographie. La perte de sang consécutive à un accident est assimilée à la gravité de celui-ci. La médecine se fondant sur la théorie humorale a longtemps eu recours àla saignée comme principal moyen thérapeutique. La découverte de la circulation sanguine a permis les premières transfusions, d’abord d’animal à homme, puis d’homme à homme, avec de nombreux accidents issus d’incompatibilité que révéla plus tard la découverte des groupes sanguins. Les scientifiques pensaient que le sang était produit par le foie jusqu’en 1628, date de la découverte par le docteur anglais William Harvey de la circulation sanguine et du rôle central du cœur dans l’effectivité de celle-ci. La charge symbolique du sang qui a alimenté l’imaginaire collectif à travers l’histoire a généré des expressions et des formules que n’ont pu éroder les avancées scientifiques des trois derniers siècles : « avoir du sang dans les veines » (être énergique, courageux), « avoir du sang sur les mains, les mains pleines de sang » (avoir commis un ou plusieurs meurtres), « avoir le sang chaud » (être ardent, fougueux ou irascible), « avoir quelque chose dans le sang » (l’avoir par nature, de façon innée), « impôt du sang » (obligation du service militaire), etc.

« Patient » : Apparu au XIIème siècle, le mot patient a été emprunté du latin patiens, participe présent de pati, « éprouver, souffrir, endurer ». Avec ce sens le mot patient est synonyme de souffrant ou de malade. C’est dans ce sens qu’il est utilisé en médecine, où il a pour synonymes client, usager, sujet (notamment dans la recherche médicale). Il s’agit dans ce cas d’un substantif, différent de l’adjectif patient qui signifie capable de persévérance, d’opiniâtreté, d’obstination, de donner du temps au temps et d’attendre sans manifester d’inquiétude ni d’irritation. Le rapprochement des deux sens du mot patient (le substantif et l’adjectif) n’est pas dépourvu de pertinence. S’il est vrai que le patient est un souffrant, il est indéniable que la guérison exige de la patience, la maladie arrivant souvent au galop et repartant habituellement au pas.

« Daltonisme » : Terme crée par le traducteur et physicien suisse Pierre Prévost, en hommage au célèbre chimiste anglais John Dalton (1766-1844) qui décrivit en 1794 le trouble visuel dont lui et son frère souffraient, consistant à voir du vert en lieu et place du rouge, dans une communication sur les « Faits extraordinaires de la vision des couleurs » devant la société littéraire et philosophique de Manchester.

« Paralysie des amoureux ou du samedi soir » : Il s’agit d’une atteinte nerveuse, due à une compression du nerf radial contre l’humérus, dans son trajet oblique en arrière de la partie latérale de la gouttière humérale. Cela peut survenir dans des phases d’inconscience comme une anesthésie, l’abus de produits (alcool ou drogue), ou lors d’un sommeil profond quand le bras est appuyé sur une surface dure. Elle peut aussi être en relation avec un mécanisme où la tête du partenaire reste sur le bras et comprime le nerf radial. Habituellement, cette paralysie est brutale et le patient se réveille avec des douleurs au coude irradiant à la face dorsale de l’avant-bras, parfois associées à des paresthésies (fourmillements, engourdissement) et à des signes moteurs (lâchage d’objets, perte de la force d’extension des doigts et du poignet, main tombante en col de cygne).

« Douleur exquise » : C’est l’association des deux termes qui interroge. Dans le langage courant, la douleur est une évidence : c’est une sensation pénible, désagréable. En revanche, exquis signifie au contraire ce qui est agréable, délicieux, savoureux. Dans le langage médical, la douleur a le même sens, mais exquis en a un tout autre. Pourtant, l’origine est identique, c’est le mot latin exquisitus qui signifie « recherché », mais il s’est produit un glissement vers la notion d’« excellence », puis de « délectable » et d’« agréable ». Les médecins, eux, ont retenu le sens d’« extrême », d’« extraordinaire ». Rechercher une douleur exquise est un geste de diagnostic médical traditionnel. On en trouve la trace dans des manuels de science s médicales en 1838. La douleur peut se manifester spontanément, comme dans le cas d’une fracture, ou, comme pour l’appendicite, c’est le doigt du médecin qui la déclenche. La sensation éprouvée est globale et envahissante.

« Avoir une peur bleue » : Pour suggérer un sens premier d’une peur bleue, on pourrait remonter aux épidémies de choléra survenues en France en 1832 et en 1854, épidémies qui, en quelques mois, ont entraîné la mort de plus de cent mille personnes. Ce sont en particulier les symptômes de cette maladie qui ont à voir avec la couleur bleue. Le choléra a pour effet des vomissements et des diarrhées très importants. Si bien qu’en une journée, le malade peut perdre jusqu’à dix kilos. Sans traitement, la mort survient en moins de trois jours. Or, sous l’effet de la déshydratation, qui provoque une défaillance majeure de la circulation du sang et de son oxygénation, la peau devient complètement « cyanosée », autrement dit « bleue ». La peur du choléra était liée à cette mort rapide associée à la coloration bleue envahissante, véritable signature de la maladie. En 1832, cette maladie, dont on ne connaissait ni la cause ni le moindre traitement, inspirait un tel effroi que l’expression la peur bleue était alors employée comme synonyme de « choléra »

« Maladies vénériennes » : L’expression maladies vénériennes date du XVIème siècle et désigne les maladies contagieuses qui sont transmises principalement par les rapports sexuels. L’adjectif vénérien faisait référence à Vénus, déesse de la beauté et de l’amour. L’expression coup de pied de Vénus avait le même sens. A cette époque, on connaissait essentiellement la syphilis – la vérole – et la blennorragie – la chaude-pisse. Le diagnostic d’une maladie vénérienne signifiait obligatoirement qu’il y avait eu une relation sexuelle. Dans les années 1980, l’identification de plusieurs maladies contagieuses transmises par les relations sexuelles, mais pas seulement, est à l’origine de l’expression maladies sexuellement transmissibles. L’hépatite virale B et le SIDA, par exemple, en font partie, mais peuvent aussi se transmettre par transfusion sanguine.

« Rester en travers de la gorge » : L’expression remonte au Moyen-Âge et provient de l’ordalie (jugement de Dieu par des éléments naturels) du fromage et du pain dont on gavait une personne suspecte de péché ou de blasphème.  S’il n’arrivait pas à avaler et s’étouffait (le morceau lui restant en travers de la gorge), il était considéré comme coupable, d’où l’expression « rester en travers de la gorge ». Cependant, à partir du XIème siècle, l’Église renonce peu à peu aux ordalies que Saint-Louis interdit en 1258. L’expression prend alors un sens humain pour traduire plutôt une injustice subie, difficile voire impossible à avaler. « Sous l’influence du stress, les muscles de la gorge se contractent, la rétrécissant comme un entonnoir. La déglutition devient plus malaisée, d’où cette sensation pénible. » (Juvanon)

« Se sentir ou être mal dans sa peau » : La peau est le plus grand organe du corps humain, aussi bien en poids qu’en taille, et représente 16% du poids corporel. Chez un homme de 70 kg, la peau s’étend en moyenne sur 1,8 m2 et pèse 3 kg. Frontière entre l’intérieur et l’extérieur, la peau est dotée de plusieurs fonctions (protection, régulation thermique, synthèse hormonale, immunité, etc.). Être mal dans sa peau revient à ne pas se sentir à l’aise, ou à ne pas se sentir épanoui, avec parfois un sentiment de honte de soi, de sous-estimation de soi. Le problème est avant d’ordre psychologique, pouvant servir de terreau à certaines affections dermatologiques comme l’eczéma et l’urticaire, avec la libération sous l’effet du stress du produit urticant qu’est l’histamine.

« En avoir gros sur le cœur » ou « avoir gros cœur », ou « avoir le cœur gros », ou « en avoir gros sur la patate » : Ces expressions illustrent le vaste et complexe champ des maladies psychosomatiques. Elles signifient être très malheureux, avoir l’impression pénible que laisse après lui un chagrin, un dépit, un regret, une rancune. Avoir, de façon figurée, un gros poids sur le cœur qui rend maussade, malheureux ou amer, dans un contexte empreint d’émotions. Le stress induit la sécrétion de l’adrénaline susceptible d’abîmer les artères nourricières du cœur, et de générer une cardiomyopathie (syndrome du cœur brisé ou syndrome de Tako-tsubo, décrit en 1977 par des médecins japonais).

Les enseignements issus de ce survol de quelques concepts et expressions donnent raison à Auguste Comte pour qui « Aucune science ne peut être dignement comprise sans son histoire essentielle, et aucune véritable histoire n’est possible que d’après l’histoire générale. »

« Avoir quelqu’un dans la peau » : Ultrasensible, la peau est « un organe sensoriel aussi performant que l’œil» (Laurent Misery), qui identifie et colore affectivement les touchers, les effleurements, les contacts, les messages qu’elle reçoit grâce à un million et demi de récepteurs sensibles à la douleur, au froid, au chaud, aux caresses, etc. Ces récepteurs, de différentes natures, transmettent des informations variées, capitales pour notre survie. C’est grâce à eux que nous pouvons retirer rapidement notre main d’une plaque chauffante brûlante, que nous éprouvons des sensations agréables, notamment grâce aux corpuscules de Krause, récepteurs situés sur la peau très fine des organes sexuels masculin et féminin.

« Avoir quelqu’un dans la peau » est une expression apparue au XIXe siècle, signifiant en être amoureux. La « peau » représente à la fois la personne physique et morale. Des expressions analogues ont existé en 1658, telles que « être soûl de la peau de quelqu’un » ou encore « donner envie de sa peau à quelqu’un ». Cette expression évoque une relation charnelle, à connotation particulièrement sexuelle, avec une notion de dépendance, comme à l’égard d’une drogue, de sorte que le grain, l’odeur de la peau de l’autre enivrent et embrasent

« Se faire de la bile » : L’expression trouve son origine dans la théorie humorale, en vogue dans la médecine européenne antique, consacrée dans le corpus hippocratique, théorie selon laquelle la santé de l’âme et du corps réside dans l’équilibre des quatre humeurs (sang, phlegme, bile jaune et bile noire) et des quatre qualités physiques (chaud, froid, sec, humide). Le sang est produit par le foie et reçu par le cœur (caractère sanguin ou jovial, chaleureux) ; la pituite ou phlegme ou lymphe rattachée au cerveau (caractère lymphatique) ; la bile jaune, venant également du foie (caractère bilieux, enclin à la violence) ; l’atrabile ou bile noire venant de la rate (caractère mélancolique, anxieux). Ainsi, se faire de la bile équivaut à se faire du souci, la bile désignant le chagrin

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