Concours d’agrégation en médecine : forces et faiblesses
Depuis 1982, le concours d’agrégation en médecine est régi en Afrique noire francophone par le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES).
Une fois le poste ouvert par son université, le candidat est appelé à réunir un certain nombre de critères pour y postuler. Le concours est destiné à évaluer la conformité du parcours du candidat, sa production scientifique, son aptitude à enseigner, et son aptitude à soigner, à travers respectivement l’épreuve des titres et travaux, l’épreuve de leçon, et l’examen du malade (pour les cliniciens).
La préparation à ce concours relève d’une course de fond et non d’une course de vitesse. Elle est harassante et exige que le candidat s’y consacre, quasi-exclusivement. L’activité préparatoire ne saurait être une activité secondaire, ni périphérique, ni appendiculaire. Durant des années, encadré par son maître sur la base d’un projet, il doit publier régulièrement des articles dans des revues de bonne tenue et mieux de haute portée. En tenant compte des délais de parution, il est possible de planifier et d’envisager le nombre moyen minimal d’articles à publier chaque année. Par essence, chaque article, impose le même cheminement : prise de connaissance des travaux antérieurs sur le même sujet, élaboration d’un protocole, collecte des données, compilation des résultats, rédaction de l’article, soumission du manuscrit à une revue. Comme on le voit, ce cheminement impose une dose d’humilité et de remise en cause.
L’épreuve de leçon vise à évaluer avant tout l’aptitude du candidat à transmettre ses connaissances à un apprenant de n’importe quel niveau. Elle ne se focalise pas sur les connaissances propres du candidat. Il s’agit d’être, non pas un savant, mais un transmetteur de connaissances, un facilitateur. La compréhension et la perception du récepteur importent beaucoup plus que la capacité du disque dur de l’émetteur. Sont pris en compte l’occupation rationnelle du tableau, la tenue, le gestuel, la mimique, etc. Le candidat doit en outre veiller à rendre la leçon utile, en prenant en compte les ingrédients du contexte, sans perdre de vue la finalité de son enseignement : soigner le malade et non traiter la maladie.
L’épreuve de malade vise à évaluer l’activité de soins. Elle s’effectue au lit du malade, en présence d’un membre du jury. Sont ainsi évalués l’abord du patient, l’attention et le respect à lui accordés, le contact, l’aptitude à communiquer, la conduite de l’interrogatoire et de l’examen physique, etc.
A chaque épreuve est arrimée une grille comportant des paramètres établis sur une base visant à en atténuer la diversité d’interprétation par les membres du jury.
Par ses critères et sa structuration, l’agrégation est une étape dont le caractère formatif ne fait aucun doute. Elle impose au candidat une conduite centrée par l’humilité. Elle est exclusive et interdit de lui associer une activité concurrente, fut-elle la plus lucrative et la plus pourvoyeuse d’honneurs. Elle comporte cependant des faiblesses endogènes et exogènes : les trois épreuves ne sont pas forcément corrélées : un excellent chercheur peut être un piètre soignant ou un mauvais enseignant, et un bon soignant peut être un mauvais enseignant ou un mauvais chercheur. En outre, la bonne note obtenue à chacune des épreuves est à considérer comme une photographie instantanée, incapable de présager de l’amour du candidat à l’activité y afférente. Ainsi, une belle leçon n’est pas toujours corrélée à la réelle volonté de susciter des vocations et de transmettre ses connaissances. De même, aucune des épreuves n’évalue l’aptitude du candidat à conduire une équipe, ni à diriger un service ou une unité, tâches habituellement attribuées à l’agrégé.
Il importe ainsi de prendre en compte aussi bien les forces et les limites de l’agrégation afin d’y poser un regard critique et de s’abstenir de lui accorder à tort des attributs qui lui sont étrangers.
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