Le bilan de santé

Le bilan de santé est indissociable du souci de prédiction, d’anticipation et de planification qui a toujours caressé l’esprit humain, depuis l’augmentation au fil des millénaires de la masse cérébrale de notre lointain ancêtre. La projection est sensée nous mettre à l’abri de surprises désagréables, au point où Charles Quint, soucieux de tout prévoir et de tout prédire, organisa une répétition générale de son enterrement. Le bilan de santé vise aussi bien à donner un aperçu sur l’état présent de notre santé qu’à déterminer des facteurs dont la présence pourrait faire le lit d’une maladie, avec pour finalité d’éviter celle-ci par des mesures appropriées.  Il est arrimé aux espoirs et aux rêves issus des importants progrès enregistrés par la médecine depuis la Seconde Guerre Mondiale, avec l’allongement de l’espérance de vie et le recul des frontières de la mort. Il a pour sève notre peur de la maladie en lien étroit avec notre peur de la mort dont elle est perçue comme l’antichambre. C’est pourquoi le bilan de santé se focalise avant tout sur les maladies potentiellement mortelles, notamment les maladies cardio-vasculaires, les cancers, le diabète, etc. Ces maladies ont en commun le fait d’être silencieuses et indolores à leur début, donnant raison à René Descartes qui évoquait l’utilité de la douleur, l’absence de celle-ci étant à l’origine de l’ignorance de sa maladie par le malade, et donc source de retard diagnostique.

Le bilan de santé comporte trois temps : le temps clinique (interrogatoire et examen du malade à mains nues par le médecin), le temps paraclinique (à travers des examens biologiques et d’imagerie) et le temps d’interprétation des résultats.

Par l’interrogatoire, le médecin détecte, sur la base des antécédents familiaux du consultant, des facteurs à tonalité héréditaire. De même, l’absence de certaines vaccinations, le mode de vie, la vision et la perception du monde, le type de loisirs et les habitudes alimentaires, peuvent exposer à des maladies. L’entretien détendu permet d’analyser la mémoire et la cohérence du raisonnement, la défaillance en la matière étant souvent symptomatique d’un dysfonctionnement cérébral. La prise du poids et de la taille permet le typage basé sur l’indice de masse corporelle. La prise régulière de la tension artérielle est la clé du diagnostic et du suivi de l’hypertension artérielle, celle de la tension oculaire est l’unique moyen de détecter le glaucome.  A travers des examens de sang, peuvent être détectés le diabète, la drépanocytose, l’insuffisance rénale ou médullaire, des troubles lipidiques pouvant faire le lit d’accidents cardiaques, des cancers du sang, des anomalies en lien avec le cancer de la prostate ou du foie, des traces de l’hépatite virale ou de la cirrhose du foie, ou l’infection au VIH. La radiographie des poumons peut déceler diverses anomalies, aussi bien infectieuses que cancéreuses, la mammographie un nodule au sein, le frottis cervico-utérin des lésions précancéreuses ou un cancer de l’utérus au stade précoce, la colonoscopie des lésions précancéreuses du gros intestin. L’électrocardiogramme met en évidence d’éventuels dysfonctionnements cardiaques.

Il importe cependant d’avoir à l’esprit qu’un bilan de santé n’est qu’une photographie instantanée d’un être mouvant et changeant, et dont la normalité n’exclut pas la présence de maladie, car l’absence de preuve de maladie n’est pas la preuve d’absence de maladie.

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