« Docteur, j’ai mal au rein »

Le « mal de rein » est un motif fréquent de consultation. Un tiers des consultants de rhumatologie souffrent du « mal de rein ». Ce mal affecte les sujets adultes des deux sexes et est responsable d’arrêts de travail plus ou moins prolongés. Il est exceptionnel chez l’enfant. Son extrême fréquence chez l’adulte est telle qu’il ne serait pas exagéré de dire que tout le monde a eu, a, ou aura « mal au rein ». Bien que la douleur soit parfois vive, le mal de rein est une affection bénigne, posant rarement un problème d’urgence.

Le malade qui a « mal au rein » n’a souvent rien au rein (organe-filtre chargé de la fabrication des urines). Le « mal de rein » traduit souvent la souffrance des amortisseurs de la partie basse de la colonne vertébrale. Celle-ci est constituée d’une trentaine de pièces (vertèbres) empilées les unes sur les autres et séparées par des amortisseurs qui évitent le contact direct de deux vertèbres adjacentes. La colonne vertébrale a deux parties mobiles : le cou et la partie basse. Ces deux parties, en raison de leur mobilité, sont soumises à des sollicitations responsables de l’usure des amortisseurs.

Comment se traduit le « mal au rein » ?

L’usure des amortisseurs de la colonne vertébrale basse entraîne des douleurs exagérées par la flexion du tronc (se pencher en avant pour ramasser un objet), la station debout, les rotations du tronc, la marche, la toux et l’éternuement. Cette douleur est atténuée par la position allongée et ne réveille habituellement pas le malade la nuit. Dans certains cas, l’amortisseur usé comprime le nerf avoisinant. Ceci entraine un « mal de rein » qui irradie au membre inférieur (cuisse, jambe, pied) suivant le trajet du nerf : c’est la sciatique. A la jambe et à la cuisse, la douleur peut s’associer à des fourmillements. Le malade peut en outre avoir l’impression de jambe lourde ou l’impression de ne pas sentir une partie du pied.

A quoi est dû le « mal de rein » ?

Le « mal de rein » résulte souvent de l’intrication de deux ordres de facteurs :

  • les anomalies constitutionnelles : chez certaines personnes, les différentes pièces constitutives de la colonne vertébrale sont imparfaitement agencées. Il en résulte des amortisseurs de mauvaise qualité, susceptibles de s’user au moindre effort ;
  • les efforts excessifs : l’obésité et la tendance de l’individu à se pencher en avant pour ramasser un objet, pour se chausser, pour se laver les pieds et pour balayer, entraînent la compression puis l’usure de l’amortisseur qui se trouve être pris en sandwich entre deux vertèbres. Ainsi, le mauvais usage de la colonne vertébrale joue un rôle important dans la survenue du « mal de rein ».

Quel intérêt revêt la radiographie chez un malade qui a « mal au rein » ?

La radiographie du patient souffrant de « mal de rein » permet au médecin d’éliminer une maladie plus grave que celle (banale) liée à l’usure de l’amortisseur. Il importe de savoir qu’il n’y a pas de corrélation entre la souffrance du malade et les dégâts radiologiques. Un malade très douloureux peut avoir des radiographies normales. A l’inverse, d’importantes lésions radiologiques peuvent s’observer chez un sujet ne souffrant pratiquement pas. Il ne faut pas s’inquiéter d’avoir des « becs de perroquets » qui sont à l’os ce que les rides sont à la peau. Ainsi, plus de la moitié des sujets de plus de 40 ans ont des « becs de perroquet » à la radiographie de la colonne vertébrale.  Cependant, une faible proportion de cette population en souffre. De ce fait, la radiographie ne peut en aucun cas permettre de se passer de l’interrogatoire.

Que faire lorsqu’on a « mal au rein » ?

Le « mal de rein » nécessite la consultation du médecin. Le traitement de ce mal est avant tout une affaire de bon sens. Il faut avoir à l’esprit que le « mal de rein » n’a jamais tué personne.

En phase aiguë douloureuse, le repos en position allongée pendant une courte durée (48 heures) est souvent bénéfique. Le repos et les antalgiques peuvent dans certains cas être associés à une immobilisation de la colonne vertébrale par une ceinture plus ou moins rigide. Il convient d’éviter de rester longtemps allongé et de reprendre ses activités quotidiennes le plus tôt possible

Lorsque la douleur irradie dans le membre inférieur et qu’elle persiste malgré le repos et les médicaments, le recours à la chirurgie, précédé d’un scanner, peut être nécessaire. Le chirurgien au cours de l’intervention décomprime le nerf coincé par l’amortisseur.

Dans tous les cas, le malade qui a « mal au rein » doit ménager sa colonne vertébrale en observant des règles d’hygiène. Ces règles sont à observer par tout individu, même lorsqu’on n’a jamais eu « mal au rein » :

  • pour ramasser un objet, il faut fléchir les genoux et s’accroupir en maintenant le tronc droit ;
  • il faut éviter le port d’objets lourds ;
  • pour rentrer dans une voiture, il faut d’abord s’asseoir en posant les fesses sur le siège ;
  • pour se laver les pieds ou se chausser, il faut s’asseoir ou poser ses pieds sur un tabouret ;
  • le lavabo doit être à hauteur raisonnable de façon à éviter de se pencher pour s’en servir. Le même raisonnement est valable pour le balai et la houe dont les manches doivent être suffisamment longs ;
  • la pierre à écraser les condiments doit être située à une hauteur permettant de s’en servir en position debout.

Le sujet doit apprendre à s’accroupir droit par de simples exercices. Les pompes, le tronc droit, permettent de tonifier les muscles du tronc et des membres inférieurs.

Comme on le voit, le traitement du « mal de rein » nécessite la participation active du malade qui doit adapter sa vie et ses gestes à l’état de sa colonne vertébrale. Il doit en outre exclure de son esprit l’idée d’une quelconque maladie grave au pronostic sombre. Ceci est autant plus vrai que la peur de la maladie donne la maladie de la peur.

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