Agrégé ou abrégé ?
L’agrégation constitue une étape importante dans la carrière universitaire, notamment celle hospitalo-universitaire réservée aux médecins. Trois ordres de tâches sont dévolues à ceux embrassant cette carrière : les soins, l’enseignement et la recherche. Ces trois tâchent servent de socle à la bi-appartenance des hospitalo-universitaires. Le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), dont la convention portant statut et organisation fut signée le 26 avril 1972, régit la carrière des universitaires en Afrique noire francophone. C’est l’un des outils d’intégration les mieux réussis de l’espace africain francophone. Se trouvent ainsi harmonisés les parcours et les critères de sélection dans les universités des pays membres.
En médecine, le premier concours d’agrégation remonte à 1982. Au bout d’un demi-siècle, un bilan, notamment par le biais d’un audit externe, s’impose, afin d’établir les forces et les faiblesses et d’apporter d’éventuels ajustements et correctifs.
D’un point de vue conceptuel et par essence, l’agrégation relève de l’enseignement supérieur. Le poste est ouvert pour répondre à un besoin pédagogique évalué sur la base des volumes horaires à satisfaire au sein d’une faculté ou d’une université. Une fois acquise, l’agrégation doit permettre à son détenteur de s’éclater à travers une forte productivité sur le triple plan pédagogique, hospitalier et scientifique. A l’inverse d’une décoration, souvent obtenue pour services rendus, l’agrégation est acquise pour services à rendre. La préoccupation de l’agrégé devrait être de peser considérablement dans la prise en charge des patients grâce à une expertise avérée, et de former de futurs cadres dont il est à souhaiter que certains dépassent le maître, condition sine qua non de progrès. L’université et l’administration publique dont il dépend devraient y veiller, en se gardant de toute déification de l’agrégé.
Il n’est cependant pas rare de constater chez des agrégés, trop impressionnés par le titre dont ils sont porteurs, une prestation abrégée, en raison d’un détournement d’objectif : absentéisme hospitalier trop prononcé, baisse de la production scientifique, cours de faculté souvent laissés aux assistants permettant au maître de mener tranquillement ses activités dans le secteur privé. Cette tendance est d’autant plus marquée que nous sommes dans une société de cumul, de loisirs et de plaisirs, caractérisée par une primauté de l’avoir et du paraître sur l’être. En outre, nos universitaires, rarement objet d’évaluation, se fonctionnarisent, de sorte que les lacunes antérieures à l’agrégation subissent un ancrage indélébile en raison de l’égo surdimensionné qu’induit ce grade universitaire, avec pour corollaire une entrave à la remise en cause et donc à la mise à jour des connaissances.
Il importe que l’agrégation retrouve son essence et les fondamentaux qui ont concouru à sa genèse. Ceci passe par une évaluation reposant sur la productivité effective de l’agrégé, indissociable du devoir de redevabilité envers la collectivité.
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