La politique, vaste champ d’expertise spontanée

L’exercice de tout métier est soumis à un apprentissage préalable, souvent formel, même pour ceux nantis d’aptitudes facilitatrices particulières. Ce principe est tellement ancré dans les esprits depuis la nuit des temps que l’apprentissage d’un métier confère à celui l’exerçant une légitimité certaine. L’inverse est considéré comme une bavure, et souvent érigé au rang de péché capital. Fait extraordinaire, la politique, complexe du fait de l’imprévisibilité du caractère ondoyant de la nature humaine, est le seul secteur où tout citoyen se croit spontanément apte. Or, tout permet de penser que si elle « n’est pas un métier, il faut du métier pour la faire ».

La politique, en tant que gestion des affaires de la cité, passionne, emballe, et mobilise l’attention de tous. Elle est imbibée d’une forte dose d’affect et d’irrationnel et défie souvent la raison, tout en conduisant à des approches relevant du bon sens. Tout le monde s’en sent concerné, au risque d’en être cerné. Tous les citoyens ou presque s’érigent en experts, posture d’autant plus intéressante qu’émettre des critiques, diagnostiquer un problème, décrypter les composantes d’une situation, bien que fascinants pour l’esprit et souvent nécessaires, sont loin d’être la solution au problème. Ceci est tellement vrai que de brillants sujets se gardent d’être dans l’action, préférant la confortable posture basée sur la conjugaison du conditionnel, en lieu et place de l’indicatif.

Le nombre d’experts auto-proclamés est illimité en matière politique, d’autant plus qu’il n’existe pas de corrélation systématique entre compétence et résultats en la matière, ceux-ci dépendant de nombreux paramètres aux coefficients mouvants et dynamiques, laissant place à une dose d’incertitudes et donc au hasard et à la chance. Voilà pourquoi une fois installé, le nommé reçoit une horde de conseillers auto-proclamés proposant leurs services, convaincus qu’ils sont que la seule évocation ou la seule dissection d’un problème en constitue la solution.

L’expertise dont se prétend n’importe lequel des citoyens explique le nombre illimité de prétendants aux plus hautes fonctions de l’État, aux postes de ministres, et aux différentes responsabilités politiques. Des candidatures inattendues font ainsi irruption lors des différentes élections ; des démarches informelles sont également concoctées par personnes interposées, chargées d’influencer la nomination de leurs initiateurs.

La politique est décidément le domaine où celui qui est incapable du moins est convaincu d’être capable du plus !

 

 

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