Discours prononcé le 26 avril 2023 par le Pr Moustafa Mijiyawa à la cérémonie d’inauguration de l’hôpital Dogtalafiè

Comment pourrais-je m’empêcher de solliciter d’emblée votre indulgence à tous, la teneur de mes propos risquant de ne pas être à la hauteur de l’évènement, évènement incarné par cet édifice, ce bijou, ce trésor, ce joyau, bref cette merveille sanitaire ?

Comment pourrais-je transmettre fidèlement, les remerciements et la gratitude du corps de la santé au Chef de l’État dont la démarche a pour commencement non pas le verbe, mais l’action, action nourrie des deux vertus de la pensée que sont la raison et l’intuition, la raison isolée permettant de choisir, la raison couplée à l’intuition permettant de décider ?

Comment pourrait-on éviter d’être emporté par cette ferveur, cette liesse, cette émotion collective, cette vibrante mobilisation, socle d’un accueil dont les vaillantes populations d’Agoènyivé et de ses environs ont le secret, et dont la densité et la chaleur méritent respect, et illustrent la parfaite harmonie entre gouvernants et gouvernés, entre le sommet et la base, entre le rêve et la réalité, entre le naturel et le nécessaire, entre l’imaginé et le vécu, entre l’hospitalité et l’hospitalier, et entre le beau et le bon ?

Comment rester insensible à l’exacte mise en œuvre de la vision du Chef de l’État par la CNSS, pilier de notre système de protection sociale, qui, à travers cette œuvre, arrimée à sa mission et à son essence, allie le courage à l’audace, et aiguise notre fibre patriotique, faite d’un respect de soi, d’un compter sur soi et d’un rester soi qui ne vont pas de soi ?

Comment pourrait-on se garder de féliciter les différents acteurs qui ont assuré l’irruption de terre de cette bâtisse, les architectes rappelant l’appartenance de leur corps au premier des arts, les ingénieurs le talent spontané qui est le leur, les artisans devenus artistes du fait du saut qualitatif issu de leur dextérité ?

Comment enfin mesurer la portée symbolique de l’hôpital Dogtalafiè, hissé au sommet de notre pyramide sanitaire faite aujourd’hui d’environ 700 entités de soins, dont la toute première, l’hôpital Nachtigal d’Aného, remonte à 130 ans, ces repères nous permettant de mesurer le chemin parcouru, le tout corroborant le fait que le passé est ressassé dans le seul but être dépassé ?

Cet édifice servira de site à l’expression de l’art médical dans toute sa splendeur, le contenu faisant corps avec le contenant, les services spécialisés avec les services généraux, le tout destiné à améliorer  la santé de nos populations, avec le retour effectif à la vie de l’agonisant et du comateux par la réanimation et les urgences, le cœur vaillant parce que régulièrement battant par la cardiologie, la mise à l’abri des épreuves de l’indigestion par la gastro-entérologie, la texture et l’éclat naturels de la peau par la dermatologie, l’agilité des jointures et la fluidité des mouvements par la rhumatologie, l’intégrité du maître cerveau sur son homme perché par la neurologie, la plénitude des facultés mentales par la psychiatrie, l’épuration  du corps de ses déchets par la néphrologie, le coup de massue porté aux microbes par l’infectiologie, la respiration à pleins poumons par la pneumologie, le développement harmonieux de notre progéniture par la pédiatrie, la magie de la féminité et de la fécondité par la gynécologie et l’obstétrique, le bombardement puis l’évacuation des cellules anormales par la cancérologie,  la réparation et la reconstruction des appareils par la chirurgie, la mise à nu sans dommage des organes par l’imagerie, et le décryptage des tissus et des cellules par le laboratoire.

Ainsi, l’hôpital Dogtalafiè, sera un important maillon de notre système de santé, auquel il doit être connecté tant physiquement que virtuellement : réduction des évacuations sanitaires à travers la prise en charge des cas nécessitant des soins hautement spécialisés, formation pratique sur place de soignants de différents corps et de différents niveaux, partage de compétences au profit des centres de toute la pyramide sanitaire, notamment à travers la télémédecine. Cependant, l’usage efficient de cette merveille impose à nous soignants, un constant recours à l’essentiel, fait des armes de construction massive de la médecine : accueil, empathie, écoute active, bienveillance, et don de soi, bref tous ces fondamentaux non marchands, dont le respect nous incite à être à la fois savants et artistes, scientifiques et humanistes, rigoureux et compatissants, attachants parce que détachés du diktat de l’immédiateté et du cumul, le tout faisant de nous de véritables soignants et non de laborieux techniciens de maintenance du corps humain. C’est à ce prix que nous justifierons notre raison d’être en étant davantage utiles à nos patients qui, selon la formule de Pasteur, sont à guérir parfois, soulager souvent, et consoler toujours.

Se trouve ainsi renforcée l’offre de soins de notre pays, pilier de la couverture maladie universelle, objet d’une attention particulière à l’origine de la création d’un ministère délégué chargé de l’accès universel aux soins. Cette approche, basée sur l’équité dans le fond et sur la cohérence dans la forme, est illustrée par les efforts consentis dans tous les piliers de notre système de santé : construction, réhabilitation et équipement des centres issus des trois niveaux de la pyramide sanitaire et touchant des hôpitaux et des centaines de dispensaires ; plus de 300.000 femmes enceintes prises en charge grâce au programme Wézou avec un coût de plus de deux milliards de francs ; un million d’élèves soignés pour un coût global de plus de douze milliards de francs depuis la mise en place du programme School Assur ; plus de 14.000 personnes récemment opérées dans le cadre du programme présidentiel 0 cataracte ; un taux de couverture en moustiquaires de 100%, de tuberculeux traités de 91%, et des personnes infectées au VIH avec une charge virale indétectable de 82% ; 1200 diplômés issus chaque année de nos onze centres de formations en science de la santé ; recrutement régulier d’agents de santé (un concours visant à recruter deux milliers d’agents vient d’être lancé) ; utilisation aussi efficiente qu’équitable de notre expertise médicale au profit de l’ensemble de nos populations ; plan d’urgence et de résilience de la région des savanes embrassant tous les secteurs sociaux de base.

Notre système de santé, outre sa cohérence interne faite d’une connexion entre eux de ses différents segments, jouit d’une cohérence externe, faite de sa connexion avec les autres secteurs, qu’il nourrit et dont il se nourrit. Cette démarche obéit à l’inoxydable principe selon lequel la santé n’est pas que médecine, la médecine n’est pas que traitement, le traitement n’est pas que médicament, et le médicament n’est pas que substance chimique. L’ensemble du dispositif mis en place par le Chef de l’État vise à garantir la paix civile dont dépend la paix intérieure, à satisfaire les besoins sociaux de base pour débarrasser chaque citoyen des contingences immédiates, à améliorer le meilleur des indicateurs (le bonheur national brut), à reculer les frontières de la mort et à élargir l’espace de la santé, bref, par la grâce du Dieu Tout-Puissant, à ajouter des années à la vie et de la vie aux années. N’est-ce pas là l’essence et la finalité de la politique ?

Je vous remercie de votre bienveillante attention.

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *