Discours du Pr Moustafa Mijiyawa à la cérémonie d’inauguration du Centre International de Cancérologie de Lomé le 03 novembre 2022

Nous voici réunis pour une cause aussi noble que commune, entrant dans la lutte menée contre une maladie qui n’épargne personne, parce qu’affectant enfant comme adulte, homme comme femme, riche comme pauvre, Blanc comme Noir, hémisphère nord comme hémisphère sud, et véhiculant une importante charge morbide et mortelle : le cancer. Les constats des deux derniers millénaires ont donné raison aux Anciens qui l’ont ainsi nommée, en le comparant au crabe, en raison de sa propension à se disséminer spontanément dans tous les sens, à l’instar des pattes de cet animal.

Avec l’hypertension artérielle et le diabète, le cancer constitue le trio des maladies non transmissibles qui, avec celles transmissibles, composent le fardeau pathologique de nos populations. Tout permet de penser que le nombre de cas de cancers ira grandissant, l’espérance de vie s’allongeant, les conditions de vie s’améliorant, la mortalité au bas âge s’amenuisant, les moyens diagnostiques s’affinant, et l’informatique défiant l’espace.

Trois ordres de traitements, de plus en plus efficaces, sont opposés au cancer, mettant fin à des siècles d’impuissance, voire de fatalisme : la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie. Le centre objet de la présente cérémonie, est dédié au deuxième pilier de cet arsenal thérapeutique, c’est-à-dire à la radiothérapie. Le Chef de l’État et le gouvernement, par ma modeste voix, en saluent la mise en place. Ils félicitent les promoteurs de cette merveilleuse œuvre qui vient à point nommé, et dont ils ont chargé le ministère de la santé de la mise en œuvre d’un accompagnement conséquent, assidu, rigoureux et continu, dans l’unique souci de normativité et d’orthodoxie. C’est dans cette optique qu’appel fut fait à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, entité disposant de la meilleure expertise en la matière, et envers laquelle nous exprimons notre profonde gratitude et dont nous continuerons par solliciter l’éclairage afin de permettre à nos populations de tirer le meilleur parti de ce centre.

Ainsi se trouvera balisé le vaste boulevard thérapeutique de la lutte contre les cancers dans notre pays, à adosser aux autres moyens en développement, notamment ceux axés sur la prévention. En effet, s’il est bien d’aller mieux, il est mieux d’aller bien : le tabac, principal facteur de risque du cancer des poumons, est à éviter ; l’alcool est à éviter parce que favorisant de nombreux cancers, notamment celui du foie ; il en est de même de l’hépatite virale B qui peut faire le lit de ce cancer, évitable par la vaccination ; la vaccination de la jeune fille contre le papillomavirus protège du cancer du col de l’utérus ; le dosage une ou deux fois par an de l’antigène spécifique de la prostate chez les hommes de plus de 40 ans permet le diagnostic précoce du cancer de la prostate, le plus fréquent des cancers de l’homme ;  le diagnostic du cancer du sein, le plus fréquent des cancers de la femme, repose sur l’autopalpation des seins et des examens appropriés ; manger trop gras, trop salé et trop sucré favorise l’obésité qui elle-même augmente le risque des cancers, notamment du sein.

Une vie saine, tournant le dos à l’alcool et au tabac, avec l’eau comme principale boisson, les fruits et légumes constamment présents dans l’alimentation, l’activité physique épargnant des méfaits de la sédentarité, et l’esprit dégagé de stress parce qu’animé d’une vision positive de l’existence perçue avec philosophie, tempérance et sérénité, et de la capacité à désirer ce que l’on possède en se mettant à l’abri du diktat du cumul, constitue la voie royale préservant de nombreuses maladies, notamment des cancers. Ainsi pourront être prises en étau les maladies, par des actions en amont faites de la prévention, et celles en aval faites des traitements curatifs dont la radiothérapie constitue un maillon. Ces actions conjuguées, inscrites dans notre feuille de route gouvernementale, alimentent le noble art de la médecine, qui vise à ajouter des années à la vie et de la vie aux années.

Je vous remercie de votre bienveillante attention.