Prise en compte du ratio de dépendance démographique dans la dispensation des soins en Afrique
Précieux outil de cohésion et de paix sociales, la couverture sanitaire universelle vise à rendre accessibles les soins préventifs et curatifs de base au plus grand nombre de citoyens. Elle est à ses débuts en Afrique où les dépenses de soins reposent encore principalement sur les ménages. L’accès aux soins est indissociable du ratio de dépendance démographique, majoré en Afrique par le socle communautariste qui régit la société. Ainsi, le ratio de dépendance y est influencé par deux données : une objective faite de personnes non économiquement productives que sont les enfants, les personnes âgées, les sans formation et les sans emploi, et une sociale régie par le sacro-saint principe de solidarité où le dépendant revendique son statut qu’il considère ou même souhaite définitif. Ces considérations sont à prendre en compte dans la prise en charge du malade, notamment de la personne âgée.
L’interrogatoire du patient comporte un important volet visant à explorer les modalités de sa prise en charge, d’autant plus important qu’il s’agit d’une personne âgée : profession, date de la retraite, existence ou non d’une pension, cadre et mode de vie, nombre, profil et professions des descendants et des collatéraux, profil et professions des gendres, nature des rapports du patient avec les uns et les autres. On arrive ainsi à grouper les descendants et les collatéraux en deux catégories : celle constituée de productifs et celle faite de dépendants. Au sein des productifs, le malade aide à identifier ceux ayant un penchant contributif. C’est avec les productifs au penchant contributif qu’il cherchera à échanger. Le but de ces échanges est d’expliquer à ses interlocuteurs le bien-fondé de tel ou tel examen, celui de tel ou tel traitement, en leur fournissant un justificatif les amenant à apporter leur aide au patient. Cette démarche est indispensable, tout contributeur étant désireux de s’assurer de la pertinence des dépenses par lui effectuées et d’un risque minimal de détournement. Ce dernier risque est d’autant plus à déplorer que le lot des dépendants est souvent truffé de personnes exemptes de compassion, imbibées d’un égoïsme aux antipodes de la solidarité qu’ils prônent, et aptes à saisir toutes les occasions pour améliorer leur quotidien. Le trans-classe qui a émergé est par eux perçu comme une source intarissable de ressources, soumise au diktat de la loi du partage, à l’égard de qui ils sont rarement satisfaits.
Cette démarche est d’autant plus impérieuse que prescrire un examen, un traitement ou une évacuation sanitaire sans prendre en compte les modalités de sa mise en œuvre effective relève d’une symphonie inachevée. C’est dire la nécessité de tenir compte du contexte socio-économique pour multiplier ses chances d’efficacité.
Ces considérations qui ont cours en Afrique et qui justifient une telle démarche sont exactement celles vécues par l’Europe jusqu’à l’instauration de la couverture maladie, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. La faible espérance de vie et l’incertitude du lendemain ont à chaque fois servi de sève à l’entraide et à la solidarité qui, contrairement à la générosité, relèvent d’un égoïsme réfléchi et intelligent.
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