Le bonheur (poème)

Relevant moins d’un idéal de raison,
Que de celui de l’imagination,
Comme remarquablement par Kant reconnu,
Et fait d’un protéiforme contenu,
Le bonheur fait fi des définitions
Et échappe à toute comparaison.

Variable dans l’espace et dans le temps,
Le bonheur sert de socle à une quête,
Alimentant de nombreuses enquêtes,
Menées avec fermeté et à tout instant,
Par des philosophes et des scientifiques,
En lutte contre tout esprit chimérique.

État de satisfaction absolue,
Des besoins naturels et nécessaires,
Comme de ceux non naturels et non nécessaires,
Qu’on ne saurait renoncer à concevoir,
Mais qu’on pourrait renoncer à atteindre,
Se servant des yeux de Racine pour voir,
L’usage de ceux de Corneille révolu,
En raison du total refus de feindre.

Son origine est avant tout endogène,
Basée plus sur le perçu que sur l’acquis,
Plus sur la pensée que sur la matière
Qui, très souvent, sans vergogne ni gène,
Se mue en une absurde barrière,
S’érigeant entre tous les champs du conquis.

Hommage est à rendre aux Stoïciens,
Aux philosophies et aux Saintes Écritures,
Sève nourricière de riches enseignements,
Exempts malgré le temps de tout tarissement,
Émettant des leçons de détachement,
Tout comme celles magistrales de discernement,
Au service de l’humaine aventure,
Comme repris par divers théoriciens.

Alors se trouve désencombré l’esprit,
Débarrassé du souci du seul cumul,
Dissociant moyens et finalité,
Parce que désirant ce qu’il possède ;
Abrité de l’hygiène du recul,
Parce que siège de lucidité ;
Élargissant les frontières du compris,
Parce qu’ayant la retenue pour remède.

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