Les sept péchés capitaux (poème)
Une fois formalisés par Grégoire le Grand,
Les sept péchés capitaux marquèrent un tournant,
En s’attelant au cadrage de l’esprit humain,
Que téléguident toujours l’instinct de survie
Et la conscience en notre finitude,
Qui érodent notre état sensé serein
Et désorientent les bonnes attitudes
Qu’asservit notre égoïsme à l’envi.
Débordant le cadre de la chrétienté,
Car prônés par les spiritualités
Et nourris des questions existentielles,
Que l’on sait pérennes parce qu’inoxydables,
Que l’on sait ubiquitaires parce qu’universelles,
Qui taraudent l’esprit parce qu’impérissables,
Ces péchés, antonymes de vertus salvatrices,
Recèlent par essence une valeur formatrice.
Personne ne peut prétendre en être exempt,
Ni se prévaloir d’en être indifférent,
Sans perdre de vue le poids de leur pertinence,
Tous éclaireurs qu’ils sont, de concepts opposés,
A l’origine d’actes pêle-mêle juxtaposés :
L‘orgueil pour l’humilité et la suffisance,
La paresse pour le zèle, l’audace et la vaillance,
La colère pour la douceur et la patience,
La luxure pour la pureté et ses fruits,
L’envie pour la joie face au bonheur d’autrui,
La gourmandise pour le goût de la tempérance,
Et l’avarice pour la pure générosité.
L’orgueil qu’alimente la haute estime de soi,
Ancré dans l’esprit de certains grands champions,
Peu ouverts à la recommandée retenue,
Et faisant fi de l’impermanence continue,
Entretient souvent avec le compter sur soi,
Visant à lever le front pour laver l’affront,
Plus une différence de degré que de nature,
Tout comme celle entre le plaisir et la luxure.
La colère nait d’un sentiment d’injustice,
Relevant de faits avérés ou factices,
Objet d’une perception peu nuancée,
A l’origine d’un bouillonnement interne,
Rendant parfois démesurément agressif,
Celui se sentant agressé ou offensé,
Subissant de sa colère l’effet oppressif,
Dont sont victimes autant les subalternes,
Que les décideurs taxés de non permissifs.
Aux antipodes de l’effort et de l’ardeur,
De la ténacité et du respect de soi,
Figurent la paresse et le compter sur autrui,
Dont on exige nettement plus que de soi,
Dans une posture de dépendant réclamant,
Que scelle la tendance à minorer ses talents,
Attitude dont pâtit le sens de l’honneur,
Et même celui de responsabilité,
Infailliblement comme peau de chagrin réduits,
Le tout servant d’humus à la mendicité.
Flamme aussi paradoxale que tourmentée,
L’envie ne résulte pas du mal d’autrui,
Contrairement à sa partenaire la colère,
Mais provient plutôt du bien dont jouit autrui
Surtout dans un monde se voulant égalitaire.
A l’inverse de la luxure et de la gourmandise,
Ce péché ne procure aucune satisfaction,
Mais est source d’une autodestruction.
De l’envieux issu de la proximité,
Elle incarne et galvanise l’incapacité.
L’envie se garde de toute exclusivité,
Indissociable qu’elle est d’autres nuisances,
Au rang desquelles figure l’animosité,
Souvent véhiculée par la médisance.
Aux antipodes de la générosité,
Avec souvent la cupidité pour complice,
Se dresse sur ses grands sabots l’avarice,
Illustration contraire de la charité,
Avec la possession pour seule obsession
Et le partage rayé de la réflexion.
L’infirmité à donner la caractérise,
L’acharnement à amasser la galvanise,
Pris non comme moyen mais pour finalité,
Ternissant ainsi la sociabilité,
Du possédant par sa fortune possédé
Dont aucune bribe n’est par lui concédée.
Source des plus grands crimes de l’humanité,
Tels que les traites, l’hégémonie et les guerres,
Bien servie par un plaisir immodéré,
La gourmandise, antonyme du pondéré,
Ouvre la brèche à bien d’autres démons,
Tous entravant notre spiritualité,
En brisant en aval nos choix éthiques d’amont,
Pour nous amener à éluder le mystère.
Ainsi se trouvent enchevêtrés et imbriqués,
Parce que se soutenant mutuellement,
Car l’un de l’autre sève et complémentaires,
Les sept péchés fidèles à leur engagement,
Jamais départis de leur effet délétère,
Incitent le cœur à un usage étriqué.
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