Le bilan de santé
Au rang des attributs distinctifs de l’Homme,
Servant de socle à sa place au podium,
Figurent son sens de l’anticipation,
Ses facultés de prévoir et de prédire,
Le tout visant à envisager l’avenir,
Véritable passé en fécondation.
Réelle est l’utopie de l’immortalité,
Infini est le mystère que revêt la mort,
Notamment par son imprévisibilité,
Qui de l’existence rappelle la fragilité,
Et dont la maladie est un infidèle mentor.
Le souci d’élargir l’espace de la santé
Et de reculer les frontières de la mort,
Jumeau du rêve d’invulnérabilité,
Né d’arsenaux thérapeutiques de tous bords,
S’est adjoint au sens de l’anticipation,
Aux fins d’une efficace prévision.
L’idée de bilan de santé prit ainsi corps,
S’adressant au sujet à l’air bien portant,
Afin de mettre à nu un mal débutant,
D’en décrypter un indispensable support,
De mener un acte salutaire en amont,
Pour tôt anéantir le morbide démon.
Par les sens et par l’abord paraclinique,
Base d’explorations périodiques,
Sont ainsi décryptés les organes vitaux,
Sites et encadreurs des grandes fonctions,
De même que les dispositifs génitaux,
Garant du genre et de la reproduction.
Sont ciblées les maladies érodant la vie,
Dans sa longueur tout comme dans sa qualité,
Particulièrement celles sans préavis,
Dont n’est à l’abri aucune localité,
Et n’épargnant même pas le jeune âge,
Pour essaimer confusément leur outrage.
Mis en œuvre à partir de la quarantaine
Et calqué sur les maladies y adossées,
Souvent redoutables par leur nocif silence,
Qu’entretient une trompeuse indolence,
Le bilan les met au-devant de la scène,
Ainsi que les facteurs prompts à les endosser.
L’esprit doit être empreint de discernement,
Par une hygiène du raisonnement,
A laquelle la méthodique rigueur l’astreint,
Lors de l’interprétation des examens,
Afin de prendre pour vrai ce qui est vrai,
De considérer comme faux ce qui est faux,
De se garder de prendre pour vrai le faux
Ou d’accorder les attributs du faux au vrai.
C’est avec cette extrême lucidité,
Que seront examinées du bilan de santé,
Fugace reflet naturel de l’instant présent,
Mais parfois auréolé d’un important mythe,
La force, la pertinence et les limites,
Avec un faible potentiel prédictif,
Qui en atténue le caractère rassurant,
L’aspect normal pouvant relever du fictif.
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