La drépanocytose (poème)

Chef d’orchestre des maladies moléculaires,
Tu portes un profond mépris à la glutamine,
Et n’as de préférence que pour la valine,
Qu’une mutation insère dans les sites globulaires.

Patente est ta prédilection pour la race noire
Dont tu reproduis les mouvements migratoires,
Mal délimités par la ceinture sicklémique
Qui en méconnaît le caractère dynamique.

De la terre tu n’épargnes aucun continent,
Du corps humain pratiquement aucun organe,
De l’espace sanguin tu fais un champ de bananes,
De l’hématie la cible de ton châtiment.

Méconnue est d’habitude ta forme mineure
Qui ménage de ses porteurs la longévité,
Précocement reconnue est ta forme majeure
Qui brandit tôt l’étendard de l’atrocité.

Au grand mépris de leurs attributs fonctionnels,
Tu génères des viscères souffrance et saignement,
A l’origine d’une défaillance parfois mortelle,
Laborieusement cernée par les traitements.

A l’os tu imposes par moments une torture,
Engendrant parfois de pathologiques fractures,
Que favorisent souvent de chroniques infections,
Susceptibles d’émailler ton évolution.

Soumises aux lois et aux aléas climatiques,
Tes crises sont modulées par la pluie et le froid,
Qui mettent ta proie et ses ascendants en émoi,
Tout en reflétant la pensée hippocratique.

Au nouveau-né tu accordes un bref répit,
Berçant ainsi d’illusions les jeunes géniteurs,
Qui très tôt vont mesurer l’ampleur du défi,
Dont la sonnette d’alarme est souvent la pâleur.

A l’enfant tu infliges un retard de croissance,
Visible tant sous la toise que sur la balance.
De ta jeune victime tu modifies le visage
Dont t’est caractéristique l’asiatique mirage.

De l’adolescent tu recules la puberté,
De la grossesse tu entraves la maturité,
De la rate tu engendres un épuisement,
Suite à des accès répétés d’engorgement.

Absolument génétique est ta transmission,
Fortuite a été ta découverte chez un Noir,
Rendu morbide par manque d’oxygénation,
Et dont l’observation illustre ton histoire.

Sur le raisonnement médical plane ton hégémonie,
Qui entame parfois le sens du discernement,
Toujours réajusté par la biologie,
Qui épargne le praticien des égarements.

A la logique qui  préside à ta prévention,
S’opposent les obstacles à son application,
Qui souvent assujettie à l’irrationnel,
Foudroie les âmes sœurs d’un  choc émotionnel.

Antidote à ton action éparse et pérenne,
Est l’abord pluriel de ta prise en charge,
Dont tout un arsenal de mesures est au gage,
Afin de rendre la vie de ta proie sereine.

 

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