Discours prononcé à l’occasion de l’éradication de la dracunculose par le Togo

Cordiale bienvenue à vous tous, en terre togolaise, que vous foulez peut-être pour la première fois, mais certainement pas pour la dernière fois, à cette heureuse et particulière occasion de la deuxième revue générale en post-certification de l’éradication de la dracunculose.

Eradication est le mot magique dont on fait usage pour la deuxième fois dans l’histoire de la santé publique à l’échelle planétaire, après celle relative à la variole, où l’homme, non content de voir et de subir, imagine, invente et agit pour apprivoiser son environnement par le bannissement de tout ce qui entrave son existence et son bien-être.

Nos lointains ancêtres égyptiens seraient ravis de vivre l’époque présente, débarrassés qu’ils auraient été de l’une des dix plaies qui les avaient assaillis, bien avant l’émission des dix commandements, sous la houlette de Moïse, du haut du mont Sinaï. Ils auraient ainsi salué la réduction constante de la prévalence de la dracunculose, de 3.5 millions de cas en 1986, à son éradication en 2015. Ils auraient également apprécié l’action synergique menée par les états et leurs différents partenaires, tous guidés par le même et noble idéal, soulager la souffrance humaine, et imbibés du principe selon lequel le savoir non partagé est une injustice. Ils auraient rendu hommage à vous tous, pour avoir donné corps à la pensée de Jean Rostand, qui appelait à une solidarité et à une générosité universelles, la science ayant fait de nous des dieux avant que nous méritions d’être des hommes. Nos ancêtres égyptiens auraient salué le mouvement d’ensemble qui a conduit au résultat aujourd’hui célébré, et auraient apprécié l’écoute attentive que vous avez accordée à cette pensée véhiculée sous le règne de Soundiata Kéita dont le comité des sages préférait une réussite solidaire à tout exploit solitaire.

C’est en phase avec l’essence de toutes ces pensées que le gouvernement togolais, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, a inscrit toutes ses actions dans la mise sur pied d’un système de santé robuste, condition incontournable de toute politique de développement. Vous comprenez alors pourquoi le Togo a aisément adopté et mis en œuvre le procédé innovant d’isolation des cas dans les districts à haute endémicité. Cette innovation a permis d’amorcer inexorablement la tendance jusqu’en 2006, année  au cours de laquelle il a été notifié le dernier cas autochtone, et  en 2007, les derniers cas importés. Notre pays est ainsi entré dans la période de pré certification jusqu’en 2011 où après une enquête menée par  des experts internationaux, le Togo a été déclaré par l’OMS comme pays ayant éradiqué la dracunculose. Il est heureux de constater que bon nombre de pays ici représentés ont connu le même cheminement, avec à leurs côtés la constante sollicitude et l’action synergique des différents partenaires dont nous saluons le précieux appui et le solide accompagnement.

Nul doute que les trois jours de réflexion que vous allez consacrer à cette rencontre permettront un partage d’expériences en vue de la consolidation des acquis et de l’accélération du processus d’éradication de ce désormais lointain fléau qu’est le ver de Guinée.

Je ne doute pas un seul instant de votre capacité :

  • en tant qu’experts, à être en phase avec André Malraux, en agissant en savants qui s’ignorent, devant des ignorants qui s’avouent ;
  • en tant qu’acteurs imbibés des concepts épidémiologiques, à interpréter avec lucidité les données statistiques, qui peuvent trahir la réalité qu’elles sont censées traduire ;
  • en tant qu’agents directs ou indirects de la santé, à prendre en compte le plus invariable des concepts biologiques, c’est-à-dire la variabilité.

Je souhaite pleins succès à vos travaux, et vous remercie de votre aimable attention.

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