Discours du Pr Moustafa Mijiyawa à la Conférence du District 9103 du Rotary, le 05 avril 2024 à Lomé

Aussi immense que précieux est l’honneur dont je me sens couronné par les plus hautes autorités de notre pays, de représenter le Gouvernement à cette cérémonie. Cet honneur n’a d’égale que la hauteur d’esprit du Chef de l’État et la noblesse de l’institution incarnée par tous ceux qui m’ont précédé à cette tribune, et toutes les personnes présentes dans cette salle.

Perceptible bien qu’indescriptible est le sentiment qui m’anime, de me trouver devant l’auguste assemblée par vous constituée, formant un vaste individu collectif, uni par un idéal noble, reflétant par la diversité de ses constituants la variabilité caractéristique du vivant, soudé par l’un des rêves qui ont caressé l’humanité depuis la nuit des temps, animé du souci de traduire dans les faits le perçu et l’imaginé de chaque être humain, préoccupé de la nécessité de soumettre le cerveau à la gouvernance du cœur, afin, en un mot, d’affecter un sens à notre existence en soulageant la souffrance humaine.

Sincères et vives sont les félicitations qu’adresse par ma voix le Gouvernement aux gouverneurs, aux dignitaires, aux différents responsables, particulièrement à ceux venus de l’étranger, à qui nous souhaitons une cordiale bienvenue et un excellent séjour au Togo, de même qu’au comité d’organisation des présentes assises et à l’ensemble des rotariens

L’Homo sapiens dont nous sommes les héritiers, terme d’une évolution étalée sur des millénaires, est caractérisé par une masse cérébrale d’environ 1200 grammes chez l’adulte. De ce fabuleux organe découlent nos facultés d’anticipation, de prédiction, de planification et de mémorisation. Fait capital, chacun de nous doit prendre conscience de son unicité et de sa spécificité car il n’existe pas deux êtres rigoureusement identiques et chaque être est différent de lui-même d’un instant à l’autre. De cette prise de conscience résulte le devoir de chacun de dénicher ce pourquoi il est fait afin d’apporter sa pierre à l’édifice d’une humanité en permanente construction. La conscience en notre unicité associée aux vertus de solidarité et de générosité sert de socle à l’espoir, thème retenu par le Rotary, en phase avec les vertus théologales. Les Saintes Écritures en ont fait largement écho : on ne donne que ce que l’on possède à la seule condition de n’en être pas possédé. Le refus de donner que sous-tendent l’avarice et la gourmandise, a été logé au chapitre des péchés capitaux formalisés par Grégoire le Grand au VIème siècle. Le couplage du cerveau au cœur permet d’innover en se souvenant que l’homme est le seul être qui, non content de voir et subir, imagine, invente, entreprend et bâtit. Le couple cœur-cerveau nous permet de prêter une oreille attentive à la mise ne garde de Jean Rostand pour qui la science a fait de nous des dieux avant même que nous méritions d’être des hommes. De même que le savoir non partagé relève d’une injustice, le savoir non impactant c’est-à-dire sans effet sur la condition humaine perd sa finalité. La prise en compte de l’impermanence, du caractère constamment changeant de tous les composants du cosmos, impose de considérer les acquis comme à acquérir, les succès à consolider, les échecs à inverser, afin de pouvoir s’inscrire dans une certaine pérennité pour un plein épanouissement individuel et collectif.

C’est dire la pertinence du thème objet de la présente conférence dont se réjouit le Gouvernement togolais, car parfaitement en phase avec sa feuille de route. La mise en œuvre de cette feuille de route illustre l’importance accordée aux besoins prioritaires de nos populations. Le Chef de l’État a ainsi affecté trois ministères à l’enseignement au profit de nos enfants, afin de les former sans les conformer, tout en s’attelant à les transformer à travers l’éclosion de leurs potentiels ; la fonction publique, à travers des recrutements réguliers, met à la disposition de nos populations des cadres issus de nos écoles et facultés, et contribue ainsi, avec le secteur privé, à la réduction du chômage ; la lutte contre la pauvreté, tentaculaire par essence, objet d’une prise en charge holistique, vise à permettre à chaque compatriote de se débarrasser des contingences immédiates, afin de s’élever et d’agir en être pensant et de penser en être agissant. Les investisseurs sont désormais alléchés par des procédures allégées, caractéristiques d’un climat des affaires aménagé. Par la décentralisation, l’administration publique irrigue le plus chétif et le plus reculé de nos cantons, avec une part belle faite au sens de responsabilité des élus locaux. L’agriculture, le numérique, l’aménagement des pistes rurales, l’adduction en eau potable, les infrastructures issues des travaux publics, sont en plein essor. Il en est de même du secteur de la santé, avec à sa tête deux ministères dont l’un chargé de l’accès universel aux soins, répondant à une vision du Chef de l’État au service de l’équité et de la justice. La couverture maladie universelle, mise en œuvre depuis quelques semaines, en est la parfaite illustration. Une mention spéciale est à dédier au secteur de la sécurité, dans un monde mouvementé, dans une région en proie au terrorisme, situation d’autant plus préoccupante qu’elle est susceptible de compromettre tous les efforts de développement. Fort heureusement, des mesures idoines sont prises par le Chef de l’État dont la justesse de vue rayonne et se dissémine au-delà de nos frontières. Un hommage mérité est à rendre à nos forces de défense et de sécurité, et une pensée pieuse est à observer aux compatriotes morts pour la patrie.

Ainsi se trouve clairement établie la communauté de vues et de préoccupations du Rotary et du Gouvernement, le tout relevant du bon sens et des vertus inoxydables qui ont jalonné l’histoire de l’humanité. Votre souci de servir en s’inscrivant dans l’efficacité et la durée est entièrement partagé par le Gouvernement togolais. Le Gouvernement reste sensible à toutes les actions conduites depuis des années par le Rotary dans différents domaines, en faveur de nos populations, notamment les plus vulnérables. Nous vous remercions et vous félicitons pour ces actions d’autant plus méritoires qu’elles interviennent dans un monde soumis au diktat de l’immédiateté et du cumul, à la primauté du paraître sur l’être, du vernis sur l’ongle, du quantitatif sur la qualitatif, tout se passant comme si les hommes, en quête de spiritualité et pressés de vivre, paraissent éluder le mystère. Les actions du Rotary cadrent avec le plus noble des dons décrits dans le Talmud : celui qui donne parce que les autres ne donnent pas, veut se distinguer des autres ; celui qui ne donne pas parce que les autres donnent veut se camoufler des autres ; celui qui refuse de donner et empêche les autres de donner est un méchant ; celui qui donne même quand les autres donnent, est un sage. Nous sommes heureux de constater que c’est dans cette dernière catégorie que s’inscrivent les actions du Rotary.

Je vous remercie de votre bienveillante attention.