Alcool et alcoolisme

Fabriqué depuis des temps immémoriaux,

Probablement à partir du Néolithique,

Au décours de la sédentarisation,

Par le biais notamment de la fermentation,

L’alcool, avant son auréole thérapeutique,

Puis la découverte de ses effets nocifs,

Revêtit tout d’abord des attributs moraux,

Le sacré éloignant du risque addictif.

Le sacré l’associe constamment aux rites,

Bien que ne le réservant qu’à des initiés,

Guides de cérémonies faites de mythes,

Extirpés des fêtes dont il sert de brasier,

Pour laisser éclore son effet euphorisant,

Pouvant faire le lit d’un état agonisant.

Sa coupe incarna jadis la déité,

Sa répartition planétaire est sans bornes,

Sa consommation fait appel à des normes,

Son adhérence au temps est inoxydable,

Son addiction est souvent irrésistible,

Son lien avec les festivités aimanté.

Aussi diverses que variées sont ses sources,

Possiblement l’alimentation de base,

Suite à un détournement de ressources,

Que nourrit la conquête d’une extase,

Mystique ou non, mais toujours éphémère,

Le mental étant à l’abri de l’ordinaire.

Aussi divers que désastreux sont ses méfaits,

Que subissent pratiquement tous les organes,

Et dont les multiples dégâts sont le reflet,

Mettant à nu de l’être tous les arcanes,

De la tête aux orteils, de la peau à l’os,

Atteints de façon tardive ou précoce.

L’alcool fait le lit de diverses maladies,

Par son effet corrosif sur l’immunité,

Qui laisse proliférer virus et bactéries ;

Par la désorganisation qu’il entraine,

Qui génère cancers, diabète et gangrène ;

Par l’atteinte du bloc cardio-vasculaire,

Aux séquelles ubiquitaires et tissulaires ;

Par sa toxicité sur le précieux cerveau,

Dont il érode la masse et les canaux,

Pour en saper les facultés à tout âge,

Aucune strate n’en étant l’apanage ;

Par son action sur la planète cutanée,

Asséchée avec un pseudo-gain en années.

Par une mutualisation de leurs effets,

Issue d’une solidarité dans le mal,

Satellite d’une complicité subtile,

Que sous-tend une publicité mercantile,

L’alcool et le tabac agissent en duo parfait,

En dépit des mises en garde médicales.