Santé : ne pas perdre de vue les fondamentaux

La pandémie à la Covid-19 a eu le mérite de mobiliser l’attention collective sur la santé et d’en hisser le secteur au rang effectif de priorité et de condition sine qua non de développement. Le temps où le secteur est taxé de budgétivore et d’improductif (de richesses) semble de plus en plus révolu. La prise de conscience fut générale, franchissant toutes les barrières, et faite de l’éveil de tous. Parallèlement, la pandémie à la Covid-19 a confirmé la nécessité d’avoir constamment à l’esprit les fondamentaux qui servent de socle à tout système de santé robuste et résilient. Je vais m’appesantir sur deux de ces fondamentaux : la santé n’est pas que médecine ; l’hygiène corporelle et environnementale joue un rôle déterminant dans le traitement et surtout dans la prévention des maladies.

La pandémie à la Covid-19 a imposé partout dans le monde une démarche plurielle et multisectorielle pour être contenue et endiguée. Le port de masque a nécessité des campagnes d’information où des leaders communautaires ont eu un rôle déterminant, avec la prise en compte des considérations socio-anthropologiques.  Il en a été de même des mesures restrictives de liberté (bouclage, couvre-feu) qui ont en outre nécessité des aménagements juridiques et institutionnels, ainsi que des mesures sociales visant à en soulager l’impact sur la population. La prise en compte de l’un des faits marquants de la société de ce troisième millénaire commençant s’est avérée impérative : il s’agit de l’arsenal de communication, notamment des réseaux sociaux, avec leur considérable impact sur les esprits, et la part trop belle faite à l’immédiateté qui érode la sérénité et le recul indispensables à toute analyse lucide et critique de l’information. La surveillance, le suivi, le déploiement et l’administration des vaccins ont reposé sur un zonage, une cartographie et des considérations démographiques, et ont été facilités par l’outil numérique. Le coût élevé du traitement et le pronostic réservé des formes graves (que favorisent les comorbidités) ont prouvé une fois encore que s’il est bien d’aller mieux, il est mieux d’aller bien. Se trouvent ainsi conjuguées les actions issues des différents secteurs ministériels qu’il a fallu coordonner et converger vers un objectif commun, en se départant de tout esprit narcissique et nombrilique.

La lutte contre la propagation de la pandémie à la Covid-19 a notamment reposé sur des fondamentaux de l’hygiène corporelle, notamment le lavage des mains. Ce geste, aussi simple qu’essentiel, est loin d’être l’objet de pratique courante. Des études ont établi qu’il n’est systématique ni lors du bain, ni par les agents de santé dans leur pratique quotidienne, notamment en Afrique sub-saharienne. A la base de la prévention de toutes les maladies des mains sales, il doit être enseigné dès le bas âge, c’est-à-dire dès le cours primaire. On comprend alors le rôle déterminant de l’éducation dans la santé d’une population, et les connexions entre le ministère qui en a la charge et celui de la santé. L’ancrage du lavage des mains dans les habitudes quotidiennes pourrait être l’un des acquis issus de la Covid-19 dont la pérennisation serait d’une importante portée en matière de santé publique. Un autre aspect de l’hygiène auquel on a recouru dans la prévention contre la Covid-19 a été d’ordre environnemental, avec le port du masque et l’intérêt d’être dans des espaces aéré

Ignace Semmelweis (1818-1865), médecin hongrois, avait eu tort d’avoir eu précocement raison, en lançant la théorie hygiéniste du lavage des mains, à laquelle   son contemporain Louis Pasteur (1822-1895), le père de la bactériologie, donna une assise scientifique quelques années plus tard. Pasteur de son côté eut raison de penser que le microbe n’est rien, mais que le milieu est tout. Ces deux hommes d’exception étaient en phase avec leur lointain ancêtre Hippocrate (460 – 377 avant JC) qui, dans son Corpus, insistait sur le lien entre l’air respiré, l’aliment ingéré et le cadre de vie d’une part, et les maladies contractées d’autre part. Ces fondamentaux, mis en exergue par ces pères de la médecine, servent aujourd’hui de socle au concept « Une seule santé » et à l’approche plurielle des maladies qui en découle.

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