Retombées positives de la pandémie à la Covid-19 en Afrique sub-saharienne

La pandémie à la Covid-19 dont les premiers cas ont été rapportés à la fin de l’année 2019, a rappelé tout le sens du préfixe « pan », par sa rapide et tentaculaire diffusion sur les cinq continents en quelques semaines. En Afrique sub-saharienne, elle a eu des répercussions dont certaines auront un indéniable impact positif sur le système de santé. Les répercussions touchent à la fois aux stratégies décisionnelles, au rang qu’occupe désormais la santé sur l’échelle des priorités, à la pratique des soins, au rôle du numérique, et à l’abord holistique et pluriel des grands problèmes de santé publique.

De toutes les épidémies qu’a connues l’humanité, la Covid-19 a été celle dont la propagation fut la plus rapide, en raison des grands moyens de communication en vigueur aujourd’hui, permettant la jonction en quelques heures d’un des quatre coins du monde à l’autre, et assurant le brassage massif et rapide des populations. En même temps, se trouve renforcée l’unité de notre monde, obligeant à un éveil et à une obligation de solidarité, toute protection cantonnée à une zone restant inefficace. Se protéger efficacement passe par la protection obligatoire d’autrui, les nantis ont ainsi intérêt à protéger les démunis dans le souci de se protéger. Loin d’être une œuvre humanitaire, il s’agit d’une action alimentée et dictée par l’instinct de survie, tous constamment habités que nous sommes par la peur de la mort. Ainsi se trouve rappelée la communauté de destin de l’humanité, brisant toutes les frontières et tous les clivages, pour nous rendre davantage humains.

La préoccupation revêtue par la pandémie à la Covid-19 a hissé (de façon effective) la santé au premier rang des priorités, sur le triple plan conceptuel, stratégique et opérationnel. Dans tous les pays, les gouvernants ont pris le problème à bras le corps, pour élaborer des stratégies, renforcer le système de santé, mettre en place des organes dont la coordination est assurée au sommet de l’État. C’est dans cette optique que les entités suivantes ont été mises en place au Togo : le comité national de crise (présidé par le Chef de l’État), la coordination nationale de la riposte (en raison de l’implication de différents secteurs), le conseil scientifique (destiné à émettre des avis à la lumière de l’état des connaissances sur le sujet), et le comité de gestion (chargé de gérer l’ensemble des ressources en lien avec la Covid-19). A ces organes ont été associées des dispositions juridiques et institutionnelles permettant la célérité dans la mise en œuvre de certaines décisions visant à endiguer la pandémie.  L’approche holistique imposée par celle-ci a conduit le ministère de la santé à recourir à diverses compétences, nationales comme étrangères, publiques comme privées, actives comme retraitées, toutes invitées aux réunions portant sur la Covid-19, d’abord en mode présentiel, puis en mode virtuel. L’ensemble du dispositif a abouti aux intéressants résultats enregistrés par le Togo dans la lutte contre la pandémie.  Ainsi se trouve corroboré le fait que la santé n’est pas que médecine ; elle est une affaire trop sérieuse pour dépendre exclusivement du ministère de la santé. De même, se trouve définitivement acté le rôle moteur de développement désormais reconnu à la santé, secteur jadis considéré comme budgétivore, et soumis à de fréquentes coupes budgétaires.

La Covid-19 a imposé la distanciation avec pour corolaire les téléréunions, les enseignements à distance et les visioconférences, grâce à la magie du numérique. Par ce canal, les acteurs de la santé de toutes les régions suivaient par centaines les réunions à partir de leur lieu d’exercice. Se trouvent ainsi amoindris les déplacements (avec tous les risques y afférents) et le fort taux d’absentéisme généré par les ateliers et les séminaires, plus motivés par l’appât du per diem que par la plus-value professionnelle servant souvent d’alibi. Le numérique a en outre permis de réduire les risques de détournement, les acteurs d’une activité étant désormais payés par transfert monétaire. Il a été d’un grand apport dans l’enregistrement, la collecte et le traitement des données, ainsi que dans l’établissement du passe vaccinal. La Covid-19 a ainsi contribué à l’ancrage du numérique dans la pratique quotidienne des agents de santé, à laquelle elle a imprimé un saut qualitatif.

Le système de santé s’est trouvé renforcé, à travers la construction et la réhabilitation de formations sanitaires, et leurs équipements. L’intérêt de ce renforcement déborde largement le cadre de la Covid-19, les entités constituées devant constituer un fort maillon du système de santé une fois dissipé l’orage Covid. De même, la Covid-19 a généré des initiatives africaines, à travers un sursaut patriotique : il en a été ainsi du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins (AVAT), une initiative des États membres de l’Union Africaine, visant à mettre en commun leur pouvoir d’achat en la matière. De même, la pandémie a incité à la production locale de vaccins. Le Centre Africain pour la Surveillance et le Contrôle des maladies (African CDC) a joué un rôle dans la formation, la coordination et la diffusion de bonnes pratiques. Se trouve ainsi épaissie notre fibre patriotique, indissociable d’un respect de soi et d’un compter sur soi, sève nourricière de tout développement.

La pandémie à la Covid-19 a donné ses lettres de noblesse à l’un des piliers de l’hygiène corporelle, le lavage des mains. Ce geste, aussi simple qu’essentiel, est loin d’être l’objet d’une pratique courante orthodoxe. Des études ont établi qu’il n’est systématique ni lors du bain, ni par les agents de santé dans leur pratique quotidienne, notamment en Afrique sub-saharienne. A la base de la prévention de toutes les maladies des mains sales, il doit être enseigné dès le bas âge. L’acquisition du réflexe qui le sous-tend mettrait à l’abri de nombreuses maladies contractées à travers les mains sales, corroborant une pensée remontant à la nuit des temps et bien reprise par Hippocrate, relative au lien étroit entre l’alimentation, l’environnement et le mode de vie d’une part, et l’état de santé d’autre part.

Autant la pandémie à la Covid-19 a ébranlé nos certitudes, autant elle a induit des modifications de nos comportements. Il est à espérer qu’au rang des conséquences par elle entraînées figure l’ancrage de pratiques indispensables à la prévention de maladies, longtemps prônées mais insuffisamment appliquées, tel le lavage des mains, et celui de cet outil fabuleux qu’est le numérique qui, à bon escient, défie l’espace et sert de canal à la diffusion du savoir et au partage de bonnes pratiques.

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